Contraste
de la végétation, contraste du relief, le feu
fut autrefois le souverain alchimiste des lieux.
Le Cantal est à la fois le plus vaste
stratovolcan dEurope et le plus ancien
massif de la fameuse trilogie auvergnate :
MONTS DU CANTAL MONTS DORE CHAÎNE
DES PUYS.
Si
on a longtemps fait remonter lorigine du
volcan à 20 millions dannées (Ma), les
théories actuelles lont rapproché aux
alentour de 11 Ma. Lhistoire du massif a vu
une suite dalternances, plus ou moins
espacées, de longues périodes
dédification au gré dune série
déruptions de styles variés et
dintensité modérée, et de longues
périodes de sommeil au cours desquelles les
reliefs ainsi édifiés sont soumis à
lérosion en fonction des différents
épisodes climatiques.
ACTE 1 Le premier épisode se
situe environ entre 11 et 9 Ma ; il est
constitué par un ensemble démissions
basaltiques aujourdhui très érodées
et encore visibles au centre du volcan
cantalien, dans les vallées de
lAlagnon, de la Petite Rhue et de la
Véronne. « Dans ces régions
périphériques, extérieures à laire
dinfluence des réservoirs superficiels
et non atteintes par lextension du
premier Cantal, les émissions basaltiques se
poursuivent au cours de lédification
du stratovolcan, entre 9 et 7 Ma ; elles
ne seront recouvertes que par les produits de
ces dernières phases. Ces basaltes
péri cantaliens sont pour partie
contemporains de ceux de lAubrac,
édifié plus au sud autour de 7,5
Ma. »
ACTE 2 Cest de 9 à 6,5
Ma que sest déroulée létape
suivante, cest à dire la formation
véritable du stratovolcan. Des éruptions
ont jailli de manière explosive à partir
dun réservoir magmatique souterrain et
ce, de manière répétitive. En effet, à la
différence du massif du Sancy dont le relief
actuel permet dobserver nettement
leffondrement de la caldera (réservoir
central dont le plafond saffaisse
après sêtre vidé), le volcan
cantalien doit sa morphologie générale
actuelle à un phénomène tout à fait
distinct. Léruption du Mont St Helens
en 1980 aux Etats-Unis a permis de réajuster
les hypothèses précédentes en réalisant
que la montée dun dôme de lave
pouvait engendrer une déformation des flancs
du volcan et conduire à sa rupture et son
effondrement en quelques minutes seulement.
Les spécialistes saccordent pour
identifier au minimum trois cataclysmes de
cette nature qui se sont succédés, que ce
soit sous la forme davalanche de
débris (en amont des grandes vallées de
louest), sous celle dune coulée
de débris (versant occidental des moyennes
et basses vallées paysages
ruiniformes : Vic-sur-Cère, Marmanhac,
Velzic, ou encore sous la forme de coulées
boueuses (basses vallées et périphéries du
massif).
ACTE 3 Enfin lacte
ultime, de 6 à 4 Ma, a vu la formation des
planèzes, vastes plateaux basaltiques
triangulaires qui prirent place après
larrêt du fonctionnement des
réservoirs superficiels centraux. Cette
activité fut caractérisée par
lémission de laves à partir de
nombreuses bouches éruptives périphériques
qui ont engendré ces plateaux à lest
surtout (planèze de Saint-Flour ) mais
aussi au nord-est et au nord (planèze de
Chalinargues et plateau du Limon).
Avant
que lérosion nentame son entreprise
de nivellement, on estime que le massif a dû
autrefois sélever à une altitude de 2.500
m. environ, certains allant même jusquà
avancer le chiffre de 3.500 m. Bien entendu, la
succession des épisodes glaciaires au
Quaternaire a sculpté et remodelé les paysages,
creusant les vallées, rabotant les cimes,
aplatissant les planèzes, pour aboutir au relief
que nous pouvons voir aujourdhui (daprès
M. Alain de Goër, maître de conférence à
luniversité Blaise Pascal de
Clermont-Ferrand).